La durabilité sociale pour les forestiers d'Afrique
La gestion durable d’une concession forestière peut exister si 3 axes sont respectés : économique, écologique et social. Si ces trois axes sont respectés, certains certificats internationaux peuvent récompenser la qualité du mode de gestion durable de la société exploitante.
Alors que peut bien être la durabilité sociale ?
On trouve principalement en Afrique Centrale, celle du Bassin du Congo, deux catégories de populations ; les Bantous qui sont arrivés il y a des siècles à la conquête de nouveaux territoires vierges, et les Pygmées qui ont toujours été présents et nomades à travers ces forêts impénétrables dans lesquelles ils vivent et dont ils ont su tirer tous les bénéfices qu’a pu leur offrir la nature.
Ces populations, les sociétés d’exploitation doivent en tenir compte pour l’exercice de leur activité.
« En tenir compte », cela signifie plusieurs choses.
Ces populations ont des droits d’usage, légaux, coutumiers, ou fonciers. Elles ont développé des valeurs aussi bien culturelles que religieuses, économiques, ou écologiques. Avec le temps, elles ont également réussi à s’adapter en acquérant des savoirs typiques et traditionnels. Tout ceci représente un réel patrimoine que l’exploitant devra reconnaître et protéger en l’intégrant dans sa gestion.
CONNAISSANCE ET RECONNAISSANCE DES POPULATIONS
La première étape pour un exploitant est d’abord de faire une sorte d’état des lieux des populations qui habitent sa concession et qui en vivent. Il s’agit donc dans un premier temps de connaître ce qui caractérise ces populations : leurs droits, leurs coutumes, leurs croyances, leurs modes de vie, leur quotidien. Concrètement, il s’agira de réaliser des enquêtes de terrain à travers tous les villages pour commencer la collaboration. Les descriptions seront consignées dans des documents écrits, archivés, et actualisés.
Toutes les zones ayant une importance permettant d’enrichir la connaissance des populations, comme les territoires, les villages, les dispensaires, les écoles, les lieux sacrés, les zones de chasse ou de pêche, seront répertoriées avec l’accord et la participation des populations. Puis ces données seront cartographiées afin qu’on les associe directement à la préparation des activités forestières.
CONSULTATION ET IMPLICATION DES POPULATIONS
Connaître et reconnaître des populations n’est pas encore suffisant. Les populations doivent être au moins consultées, et impliquées dans les activités d’exploitation. En effet, en impliquant les individus désignés par les populations dans l’organisation ou la planification des activités, on leur laisse la possibilité de participer aux activités, de rapporter ce qui est fait, et de constater qu'on respecte les limites de leurs consentements et de leurs droits. Concrètement, ceci peut se caractériser avec des réunions de concertation avec les populations. On peut aussi attribuer la primeur des recrutements aux populations pour des postes dans lesquels des individus exprimeront leur savoir traditionnel et leurs compétences (identificateur à la prospection par exemple). Dans tous les cas, le minimum consiste à informer les populations des activités à venir sur leur territoire pour recueillir leurs réactions et suggestions avant toute action.
BENEFICES POUR LES POPULATIONS (exemples)
En termes financiers : La délimitation des territoires est primordiale quand les populations bénéficient de redevances proportionnelles aux travaux d’exploitation réalisés sur leur territoire.
En termes de reconnaissance du savoir des populations : il est possible de mettre en place des projets qui permettent aux populations de vulgariser leurs savoirs et d'en tirer bénéfice ; on peut par exemple mettre en avant la récolte de produits forestiers non ligneux (PNFL), la fabrication d'objets artisanaux pratiques et typiques, la fabrication de peinture à base de pigments naturels, etc.
En termes de savoir : Les individus issus des populations et impliqués dans l’organisation des activités d’exploitation pourront bénéficier de formations techniques.
En termes de développement social : Dans le cadre de la promotion de l’alphabétisation et pour prévoir l’avenir, de nombreux forestiers investissent dans la construction d’écoles destinées à former les enfants des populations situées sur les concessions ; ces enfants constitueront le vivier de recrutement pour l'avenir durable de l'exploitation.
En termes de santé : Pour les forestiers, la santé est primordiale. Et ils sont nombreux à investir en participant à la mise en place de dispensaires dans les villages ou à organiser des réunions de sensibilisation aux maladies ou à l’hygiène. D’ailleurs il est rare de voir des ONG sur les concessions forestières pour construire des centres de santé, car les zones sont souvent enclavées et reculées, heureusement les forestiers sont là.
En termes de durabilité : L’activité durable d’une exploitation peut permettre aux populations de leur assurer la reconnaissance et la stabilité de leur patrimoine, la durabilité de leur ressources, et une économie viable, grâce à la présence des forestiers "durables".
Il y a 5 ans, l’engagement de forestiers voyait à peine le jour. Aujourd’hui, plus de 5 millions d’hectares seront déjà certifiés durables dans le Bassin du Congo. Et ce sont les forestiers eux-mêmes qui en sont arrivés là car ils ont les compétences et le courage pour le faire. Les forestiers ont aujourd’hui besoin d’être encouragés dans leur démarche de gestion durable qui est coûteuse et fastidieuse. Ces encouragements permettront d’assurer une durabilité sociale des populations. Aujourd’hui, les populations situées sur des concessions forestières ont une chance de pouvoir se développer et d’améliorer leur niveau de vie grâce à la volonté des forestiers qui se sont engagés dans un processus de gestion durable.
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